Un jeu un peu passé inaperçu alors qu’il est excellent du point de vue des mécanismes. Comme quoi les visuels ont vraiment une part importante dans le succès d’un jeu de nos jours. Carpe Diem, c’est un jeu de pose de tuiles qu’on préfère largement à maître Carcassonne ou à Isle of Skye. Un cran au-dessus, niveau réflexion, des très bons Cacao, Copenhagen ou Skylands par exemple.
Le but est de construire, sous la Rome Antique, un domaine le plus rentable et prestigieux possible, en fonction de certains critères propres à chacun. Le cadre de construction qui va contenir nos tuiles bâtiments est en effet assemblé à chaque partie de façon différente et influencera mine de rien notre développement lors de la pose des tuiles.
Carpe Diem se joue en 4 manches, avec des scorings intermédiaires via des objectifs à réaliser.
Chaque manche on effectue 7 fois cette action: : on déplace notre meeple « patricien », on choisit une tuile parmi 2,3 ou 4 puis on place cette tuile bâtiment dans notre cité.
Voyons cela en détail.
Que construit-on dans Carpe Diem ?
1/ Des petits paysages classiques (étangs, poulaillers…) qui offrent des ressources à la sauce romaine : raisin, poissons, poulets et herbes. Jolis meeples au passage! (quand c’est beau il faut le dire ! )
2/ Des villas (les fameuses villas romaines!) aussi étendues qu’on le souhaite, aux cheminées fort importantes ! De plus, votre plus belle villa sera valorisée en fin de partie si vous avez réussi à la terminer.
3/ Des logis en deux parties (donc composés de 2 tuiles), de 4 types possibles :
- Marchand (jaune) : permet d’obtenir des pièces (jokers pour les ressources) en vendant ses ressources.
- Boulanger (marron) : on produit du pain fort utile dans le jeu (3 pains et hop une condition de scoring est remplie….indispensable parfois ! Et 1 pain permet aussi de choisir une tuile non adjacente.
- Sénateur (gris) : des points d’influence (choix des objectifs lors d’un scoring)
- Artisan (vert foncé) : accès à des tuiles bonus spéciales placées en bas du plateau
4/ Des bâtiments annexes (une tuile simple)
- Le marché : il offre une pièce
- La boulangerie: même chose, avec un pain
- La fontaine : permet de choisir une carte fontaine qui rapportera des points en fin de partie (une sorte de carte « objectif caché »). (perso : j’adore mettre des fontaines dans ma cité ! )
En fin de chaque manche, chaque joueur va tenter de réaliser quelques objectifs présents sur la dizaine de cartes « scoring » face visible. Ce scoring de chaque fin de manche est essentiel et guidera vos actions… Tout comme les objectifs illustrés tout autour de votre cadre de pose. Le jeu propose en fait un petit côté puzzle pour optimiser le tout et l’emporter !
Parlons un peu de notre ressenti. A deux joueurs, c’est rapide et fort plaisant. Comme on ne prend que 2 tuiles sur les 4 que contient chaque zone de sélection, c’est tout de même bien souple.
A 3 joueurs c’est un bel équilibre. Moins tactique qu’à deux (l’incertitude de ce que fera le 3ème joueur) et un certain choix (3 tuiles sur 4 sont à prendre dans chaque zone de sélection).
A quatre joueurs on est bien plus contraint par les choix de nos adversaires. Moins évident et déjà plus long (ceci dit on réfléchit toujours dans ce jeu histoire de prévoir certaines issues en fonction des choix adverses).
Au final, les 3 configurations sont très bonnes, même si ma config préférée est celle à 3 joueurs. D’ailleurs c’est la cas pour la plupart des jeux auxquels je joue : cela évite les tours interminables, apporte un peu d’incertitude et cela reste tactique sans devenir trop prise de tête !
Malgré la richesse des choix, mais aussi les nombreuses façons de marquer des points de victoire, Carpe Diem reste toujours rythmé et assez rapide pour un jeu de cette envergure. Et c'est un sacré point positif. Comptez 1 heure de jeu environ. Et si vous jouez à 2 joueurs habitués au jeu, on descend même à une quarantaine de minutes.
Le matériel est de qualité mais, comme pour Les Chateaux de Bourgogne par exemple (soit dit en passant un jeu à jamais dans mon Top 10 de tous les temps !!!), les illustrations sont peut être un peu trop sobres…ou sombres…je ne sais pas comment dire exactement…
Oui je le reconnais l’esthétisme de Carpe Diem est moyen. Mais je dois avouer que là (comme pour son chef d’œuvre Les Chateaux de Bourgogne), l’auteur Stefan Feld a réussi à nous concocter un jeu à la mécanique à la fois stimulante, simple et fluide et que par conséquent peu m’importe les illustrations, je me délecte à chacune de mes parties!
Au final, ce que l'on apprécie dans Carpe Diem c’est la richesse et la multiplicité des choix proposés pour un petit jeu qui tient sous l’heure de jeu. Actuellement de l’avis de plusieurs de nos joueurs réguliers, c’est peut-être le jeu de pose de tuiles le plus sophistiqué disponible tout en restant à portée des familles « joueuses ». Un bon, compromis en somme...
Quel dommage que Carpe Diem soit resté si discret ! Enfin en France en tout cas, car nos voisins allemands l’ont tout de même sélectionné dans la prestigieuse liste du Kennerspiel des jahres pour l’année 2019. Et c'est bien mérité!
En tout cas, chez nous, il aura la place qu’il mérite , au côté des tous grands !
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