Nous avions hâte de le tester ce Merlin ! En effet depuis Essen (octobre 2017), Merlin fait le buzz ! Un duo d’auteurs connus (particulièrement Stefan Feld, l’auteur de l’excellent Châteaux de Bourgogne), un thème attirant et un éditeur habitué à éditer de beaux jeux, en l’occurrence Queen Games ! On ne peut qu’être attiré par ce jeu avant même d’y jouer…
Et bien nous n’avons pas été déçus. Merlin est un « gros jeu » au niveau du matériel et des possibilités offertes lors des parties, mais qui dit gros jeu ne dit pas forcément jeu complexe ! Merlin reste accessible une fois les règles assimilées. La première partie est un peu poussive quand même, car on a du mal à se projeter dans le futur, en fait on navigue un peu à vue… Mais les parties suivantes sont bien plus fluides. C’est parti pour la découverte plus en détail !
***** Explications du jeu *****
Alors de quoi parle Merlin ? Et bien du bon Roi Arthur qui se faisant vieux cherche un successeur parmi ses fidèles chevaliers. Et ça tombe bien car vous passiez par là, l’air de rien, et avec vos partenaires de jeu vous endossez le temps d'une partie le rôle des Chevaliers de la Table Ronde !
Avec l’aide du fidèle Merlin, vous allez tenter d’obtenir les faveurs du Roi. Et, pour cela, vous devez défendre le royaume contre les traîtres, vous développez les domaines alentours, vous réalisez des quêtes et tel un politique rusé vous étendez votre influence dans les provinces qui composent le royaume...
Comment ça se joue ? Et bien le jeu se déroule en 6 manches avec un décompte des points toutes les 2 manches. Votre chevalier et Merlin se trouvent sur un piste circulaire parsemée de nombreuses cases avec pour chacune, une action possible.
Chaque manche débute par un lancer de dés (3 dés à sa couleur représentant 3 actions de votre chevalier et un dé blanc pour Merlin). Les joueurs vont successivement utiliser un dé pour bouger soit leur chevalier, soit Merlin. A chaque fois ils réalisent l’action correspondante à la case où se pose leur pion et le joueur suivant enchaîne. Jusqu’à avoir épuisé tous les dés du premier tirage puis on passe à la manche suivante. A noter un point important : les chevaliers se déplacent uniquement dans le sens des aiguilles d’une montre !
Est-ce un jeu dirigé par les valeurs de vos dés ? Oui partiellement, un peu comme dans Les Châteaux de Bourgogne, mais rien n’est complètement figé….. Votre tirage de dés va vous obliger à réfléchir un peu (c’est un peu le but d’un jeu de ce genre de jeu non ? ). Etant donné qu’on peut bouger soit Merlin (partagé entre tous les joueurs), soit son chevalier, on arrive facilement à choisir entre 2 ou plusieurs actions.
En effet, doit-on déplacer Merlin tout de suite ou attendre qu’un adversaire le déplace pour ensuite profiter d’une action différente de celle possible initialement avec votre tirage. Mais aussi, parmi vos 3 dés chevalier, lequel jouer en premier ? Activer votre dé de valeur 1 puis ensuite votre dé de valeur 4 par exemple, vous conduira forcément à jouer 1 action différente de celle dont vous auriez profité si vous aviez fait le choix inverse… (tout le monde suit là ? ).
Autre point important : on peut obtenir en cours de partie des « pouvoirs supplémentaires » (par l’intermédiaire des personnages porte-drapeau et des drapeaux) permettant de choisir la face opposée d’un dé, ou de traverser le plateau central, etc.… Vous pouvez enfin, si vraiment votre tirage ne vous convient pas, changer totalement le résultat d’un dé comme bon vous semble en dépensant une pomme !
Pour en terminer avec les dés, élément central du jeu Merlin, vu que l’on connaît leur résultat pour toute la manche, on peut programmer à l'avance le parcours de son chevalier (celui de Merlin étant plus aléatoire, comme expliqué plus haut !) en essayant d’optimiser au mieux…ce qui fait qu’on n’attend jamais sans rien faire quand les autres jouent. Certes, on regarde ce que l'autre joueur fait (pour les majorités et les décomptes intermédiaires), mais dans le même temps on peut planifier à l’avance ses actions en gérant au mieux ses dés. C’est un des points forts de Merlin, un jeu où l’on est bien occupé, tout le temps !
Dans Merlin, il n’y a pas d’affrontement direct entre les joueurs. Pourtant l’interaction est présente, sans être omniprésente. C’est, après tout, entre preux chevaliers que tout cela se déroule, en ambiance feutrée. On piquera plutôt des emplacements en renvoyant les pions serviteurs des autres sur leur plateau individuel, on prendra des majorités dans les provinces, mais aussi sur les domaines. Mais rien de bien méchant, peut-être un peu fourbe quand même…car il est vrai que nombre de points peuvent être gagnés aux dépens de vos adversaires sur ces fameuses majorités évoquées ci-dessus ! C’est clairement un point important du jeu à ne pas oublier.
Les ennemis du Roi Arthur qu’il faut bouter hors de vos murailles sont appelés « traîtres » et changent toutes les deux manches. On y vient justement, c'est là que vos pions serviteurs vont servir. Chaque joueur dispose de 4 pions serviteurs : une Dame d’honneur, un porte-bouclier, un maçon et un porte-drapeau. Ce sont des pièces maîtresses de la mécanique du jeu. Le plateau est découpé en 6 provinces (en gros, 6 châteaux/zones colorées). Quand votre pion Chevalier (ou Merlin) tombe sur la case « province orange » de la piste d’actions par exemple, et bien vous pouvez placer un de vos 4 serviteurs dans cette province. Mieux vaut placer un serviteur oisif qu’un serviteur déjà en place ailleurs mais vous gérez ces pions comme bon vous semble.
- Le maçon récupère des matériaux (utiles pour récupérer des points « domaine » grâce à la construction de manoirs ou bien pour la réalisation de quêtes)
- Le porte-bouclier récupère des boucliers (qui repoussent les traîtres de la même couleur ou bien qui aident à la réalisation de quêtes). Attention, les traîtres non repoussés font perdre des points lors des décomptes.
- Le porte-drapeau récupère donc des drapeaux (qui vous donnent un pouvoir spécial à usage unique qui varie pour chaque province…ou bien nécessaires à l’accomplissement de quêtes). Un des drapeaux le plus recherché, le drapeau noir, permet par exemple d’éliminer d’un coup tous les traîtres présents sur vos remparts.
- Enfin, la Dame d’honneur permet de placer des compteurs d’influence de votre couleur dans la dite province…ou bien…de venir à bout de quêtes…mais comment avez-vous deviné ???
Je crois qu’il est grand temps de parler maintenant des cartes Quêtes ! Elles rapportent des points en fonction de critères simples : avoir en sa possession divers objets (matériaux, boucliers, drapeaux d’une certaine couleur) ou bien divers serviteurs ou compteurs d’influence positionnés sur le plateau central et généralement dans une province spécifique. Dès que les conditions d’une carte quête sont remplies alors vous empochez immédiatement les points de la carte. Les quêtes ne sont donc pas à négliger…
***** Le module d'extension "La faveur du Roi" *****
Dans la boite de jeu de Merlin, un module d’extension intitulé « La faveur du Roi » est prévu. Ce module place les cartes quêtes encore plus au cœur du jeu puisque les joueurs peuvent renoncer aux points de victoire apportés par une quête pour acquérir à la place une capacité permanente ! (choix possible à 4 reprises dans une partie en plaçant des jetons sceaux à sa couleur sur un petit plateau individuel additionnel). Vous vous en doutez, ce module a pour effet de dynamiser le jeu, de multiplier les stratégies possibles et donc devient très vite indispensable !!!
***** Premiers ressentis *****
Alors, Merlin, c’est long comment ? Et bien si on oublie la première partie un peu laborieuse, 1 heure 30 environ peut suffire à deux ou trois joueurs qui connaissent bien les règles. Et qui, bien sûr, ne souffrent pas « d’analysis paralysis » à vouloir toujours réaliser le coup parfait… (risque inhérent à tout jeu de gestion !).
Comme je le disais en début d’article, Merlin c'est une grosse boîte bien remplie, un gros jeu avec énormément de matériel. Le matériel est de qualité. L’ensemble (comme on peut le voir sur les photos) a un très bel aspect visuel et donne immédiatement envie de jouer. Maintenant, après le dépunchage ou à l’issue de votre première partie, rangez impérativement les différents composants du jeu dans des sachets zip distincts….faute de quoi vous passerez une demi-heure à mettre en place le jeu lors de votre prochaine partie tant les tuiles et jetons en tout genre sont nombreux. En fait, pour Merlin, un « box organizer » serait vraiment le bienvenu ! ;)
Merlin a pour lui plusieurs atouts : il donne envie de jouer grâce à sa belle édition, les stratégies sont nombreuses, les temps d’attente raisonnables, ses mécanismes multiples sont originaux et agréables, les interactions entre joueurs sont belles et bien là. L’ensemble est agréable et cohérent !
Pour autant je préfère vous avertir il ne plaira pas à tout le monde. Dans mon cercle de joueurs, les avis sont partagés. Certains l’ont trouvé un peu trop « alambiqué » notamment au niveau des actions disponibles qui ne sont pas naturelles, intuitives, pas assez thématique en quelque sorte... A côté de cela, d’autres joueurs ont vraiment appréciés et sont demandeurs pour y rejouer.
De même, je pense qu’avec Merlin on est au-delà du jeu familial et qu’il vaut mieux que les joueurs à qui on le propose soient déjà quelque peu aguerris.
Au final, mon ressenti personnel est que Merlin est un superbe jeu que j’apprécie beaucoup. J’aime tout particulièrement réaliser un maximum de quêtes ! Je suis bien conscient qu’il y a une part non négligeable d’aléatoire dans Merlin mais cela ne me dérange pas plus que cela…
Pour le moment par contre il n’intègre pas mon Top 10 aux côtés d’illustres jeux aussi divers et variés que Caverna, Dominion, German Railroads, Lorenzo ou Terraforming Mars par exemple.
Mais je me fie à un « truc » qui ne trompe pas : le lendemain d’une soirée jeu, est-ce que je ressens l’envie de refaire une partie des jeux pratiqués la veille… ? Et là, pour Merlin, la réponse a été à chaque fois positive !
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